Limoges
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.


Capitale du Comté du Limousin Marche
 
AccueilAccueil  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
Le Deal du moment : -35%
-35% sur la machine à café Expresso ...
Voir le deal
359.99 €

 

 La rage (Nebisa)

Aller en bas 
AuteurMessage
le copiste

le copiste


Nombre de messages : 63
Date d'inscription : 09/07/2006

La rage (Nebisa) Empty
MessageSujet: La rage (Nebisa)   La rage (Nebisa) EmptyDim 9 Juil - 17:06

Un traitement des enragés dans le bordelais

Entre 1430 et 1431, « des loups, des sangliers, des chiens et des chats enragés répandus dans le voisinage de la ville de Bordeaux, principalement dans le Médoc, ont assailli et mordu cruellement des hommes, des bœufs, des vaches, des chevaux, des mulets, des ânes et des brebis. Le bain de mer consacré par le consentement unanime de toutes les nations et soutenu par la confiance publique pour les en préserver a été infructueux et plusieurs malheureux sont morts enragés avant les quarante jours .»
Voilà l'une des misères à laquelle sont exposés les hommes de notre siècle. En effet, une quarantaine de jours après la morsure d’un animal enragé, le malade devient "pensif", "rêveur", la tête pleine d’idées bizarres ; souvent interrompu, son sommeil est parcouru de rêves affreux ; le mal progressant, le corps se met à trembler, annonçant des convulsions imminentes. Très tôt l’enragé a pris l’eau en horreur, une répugnance que traduit bien le terme d’hydrophobie. En fait, dès qu’apparaissent ces premiers symptômes de dégoût, aucun remède ne s’oppose plus à l’évolution fatale.Les observations de montrent également que les morsures proches de la tête ou portées sur une partie dénudée du corps précipitent la fin du malade.


Dans le Médoc, l’Océan n’est jamais très loin. Aussi les personnes mordues par un animal enragé peuvent facilement prendre un bain de mer, traitement consacré depuis longtemps par les usages. Aussitôt après, on organise les soins de façon très méthodique. On prescrit d’abord de la poudre de Palmarius, un excellent vermifuge à dissoudre dans du vin blanc et à boire tous les matins à jeun, pendant vingt à trente jours. Parallèlement, le médecin frotte le malade d’onguent napolitain, mélange constitué d’un tiers de mercure, d’un tiers de graisse humaine et d’un tiers de graisse de porc. Passé sur la blessure et à son voisinage immédiat, l’onguent ne doit pas déclencher de véritable salivation, mais un léger ptyalisme. Ce sont là les principes fondamentaux auxquels le malade ne doit en aucun cas déroger. Ni diète de quarante jours au pain et à l’eau, ni poudre d’écrevisses ou d’écailles d’huîtres calcinées, ni décoction de racines de rosiers sauvages, pas d’omelettes composées ou d’évocations des Saints, et pas de dévotions non plus à l’Eglise Le principe a retenir pour prévenir les accidents fâcheux de la rage : chasser du corps les vers avant qu’ils ne montent au cerveau et déclenchent les spasmes, le délire, les convulsions et la mort.


Des traitements des Anciens


Quand les symptômes de l'hydrophobie furent-ils reconnus et soignés ? les savants affirment que « les accidents de la rage n’ont été vus que fort tard dans l’homme, et seulement environ un demi siècle avant l’ère chrétienne . » Jusque là, et selon l’enseignement d’Aristote, il était impossible, pensait-on, que l'homme contracte la maladie. Mais dès qu’il fut reconnu qu'il ne pouvait échapper à cette terrible affection, il imagina de nombreuses médications pour s’en préserver. Galien, et sans doute Dioscoride avant lui, considéraient les cendres d’écrevisse comme un remède spécifique sous prétexte qu’aucun de ceux qui en usaient ne mouraient. L’histoire médicale fait également état d’un certain Marcus Artorius qui submergeait les hydrophobes dans un vaisseau (vase) plein d’eau ou dans un puits, enfermés dans un sac de peau, pour les forcer à boire.
il existe une grande variété de remèdes opposés à l'hydrophobie. On utilise souvent l’eau ardente (eau de vie) pour "curer" la plaie. Dans cette éventualité, C. Gesner préfère « une composition d’huile de scorpions ,/de/ merveilleuse vertu contre tous les venins et pestilences . » ilest recommandé aux personnes mordues de laver la plaie avec de l’eau dans laquelle ils auront fait bouillir des limaçons rouges, bien salés, avant de se purger avec un sirop de sa composition. Dans Les occultes merveilles et secrets de nature, on pense aussi que « la morsure d’un chien enragé se guérit si l’on reprend du poil de la bête et qu’on le brûle et boive en du vin . » Mais l’histoire des traitements de la rage est aussi celle des "remèdes secrets" souvent acquis à prix d’or par des institutions ou des notables au profit de leurs administrés. Le Sieur Cassiau préconie un "remède très influent" dont l’efficacité est attestée par de nombreux procès-verbaux. Il s’agit de deux onguents, l’un vert et l’autre blanc, applicables en alternance sur la morsure. Le vert est composé de jaunes d’œufs, d’huile rosat et de farine de froment, tandis que le blanc est un mélange de noix, d’huile de jeunes pourceaux châtrés et de mie de pain blanc ou bis. Il est aussi courant d' enduire les plaies de "vers de mai et d’escarbots", d'autres recommandant aux personnes mordues de manger le foie de la bête enragée après l’avoir lavé dans du vin et séché au four.

Au début de l'âge classique, des traitements plus méthodiques apparaissent. Les médications évoluent vers une composition de remèdes aux actions successives et complémentaires. Après une morsure, dit Dubé, il faut laver la plaie à l’ "eau marine" et poser aussitôt une forte ligature entre l’endroit blessé et les organes vitaux. Puis, à l’aide d’une lancette, on scarifie le pourtour de la plaie avant d'y apposer des ventouses pour extirper le venin. A défaut de ces instruments, « du pain chaud coupé par la moitié, trempé dans de l’eau de vie ou du vin blanc », fera également l'affaire. Pour maintenir la plaie ouverte et expulser jusqu’à la dernière trace de venin, on use également d’attractifs tels la "thériaque du paysan" composée de cendres de sarments trempées dans du vin blanc, un remède avantageusement remplacé par de jeunes poulets ou des pigeonneaux coupés en deux et posés tout chauds sur la plaie. C’est dans une option identique de prévention que « pour ceux qui sont mordus ou embavés par des animaux enragés. » Avant toute chose, précise la guérisseuse, il convient de s'assurer que la morsure est bien celle d’un animal infecté. Pour cela, on dépose dans la plaie une fève coupée en deux : si les morceaux tombent, la blessure n’est pas enragée mais, dans le cas contraire, c’est l’assurance que la morsure est bien venimeuse. Un traitement doit être immédiatement mis en œuvre qui commence par le bain de mer. Les hydrophobes vivent-ils loin d'une étendue marine ? Ils enduiront la plaie d’une composition à base d’oxyrat (du vinaigre), d’os de sèche pulvérisé mélangé à de l’alun (une substance astringente) et du gros sel . Cette préparation à laquelle, le cas échéant, on peut substituer de l’eau de vie, est appliquée jusqu'à faire saigner. Car plus le blessé souffre, plus ses chances augmentent d'éloigner la mort. Quant aux pauvres gens qui ne disposent pas de ces ingrédients, ils peuvent toujours faire usage d’un hareng salé, pilé, mis en pâte et appliqué en cataplasmes sur la blessure. Imaginons cependant que ces remèdes n'aient pas empêché le malade d’"entrer en rêverie", preuve que le venin a gagné le cerveau ; pour l'en déloger, une seule solution : la prise d'un puissant vomitif constitué, par exemple, d'un mélange de thériaque, de vin blanc et d’huile d’olives

À cette époque cependant, les traitements de la rage ne relèvent pas de seules techniques médicales. Les chirurgiens interviennent aussi directement sur la morsure. M.A. Sévenin, "maître en pyrotechnie chirurgique", est un des spécialistes connu pour l'efficacité de ses médications par le fer et le feu. Son but ? Brûler profondément la plaie pour empêcher la propagation du venin et consumer les "atomes de sa malignité". En effet, selon l’enseignement d’Hippocrate dont se réclame M.A. Sévenin, le feu ramollit et fait suppurer, contribuant à l’évacuation des matières morbifiques. Mais l'avantage du fer rouge tient également à la formation d'une croûte, « chair rôtie sans porosité qui obstrue la voie de propagation du venin. » C'est au nom de ces préceptes de purgation et de protection qu'Anicet Caufapé, chirurgien narbonnais, s’inscrit également parmi les inconditionnels des usages du feu.
Revenir en haut Aller en bas
 
La rage (Nebisa)
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Limoges :: Les Quartiers Nobles :: L'université :: La Faculté des Sciences de Médecine-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser