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 médecine religieuse face à médecine scientifique (Nebisa)

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le copiste

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Date d'inscription : 09/07/2006

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MessageSujet: médecine religieuse face à médecine scientifique (Nebisa)   médecine religieuse face à médecine scientifique (Nebisa) EmptyDim 9 Juil - 17:06

La médecine au Moyen-Age
Introduction

La médecine scientifique apparaît et se développe dans l’Antiquité. En France, au Moyen-Age, la montée du christianisme freine considérablement son essor. Plusieurs sortes de médecine vont ainsi cohabiter. Les épidémies, la famine et la guerre vont entraîner la construction de locaux d’accueil, ancêtres de nos hôpitaux.

La médecine du Moyen-Age aurait-elle jeté les bases de notre médecine moderne ?


I. Réactions face à la maladie et à la folie.


Au Moyen-Age, les médecins religieux pensaient que les fous étaient possédés par des démons.
Quand les gens étaient malades, ils allaient voir des médecins religieux mais pensaient rarement à aller voir des médecins scientifiques. Selon les membres du Clergé, le seul médecin était le Christ, lui seul pouvait guérir les malades .

II. Evolution des médecines.
a)la médecine culturelle

La médecine culturelle est la continuation du culte des dieux païens comme Esculape ( dieu grec élevé par un centaure administrant des potions bienfaisantes ; il devint rapidement un bienfaiteur universel ). C’est une médecine pratiquée par les membres du Clergé.

Les malades, quelle que soit leur maladie, se rendent dans une basilique où ils peuvent séjourner plusieurs mois. Le Saint, médecin du corps et de l’âme, peut alors les guérir par des miracles en apparaissant dans leurs rêves. Les cierges situés autour du tombeau du saint guérisseur restent allumés toute la nuit, ce qui donne une ambiance mystérieuse propice aux visions. Les malades veillant dans l’église, souvent fatigués, ont de saintes apparitions ayant la pouvoir de guérir. Les principaux remèdes reposent sur le tombeau et ce qui l’entoure :

la poussière du tombeau guérit toutes les maladies. Les fidèles récupèrent cette poussière en grattant les tombeaux. La poussière est mélangée à de l’eau ou du vin , puis bue.
C’est le prêtre qui la distribue. Peut-être l’a-t-il mélangé avec des potions retrouvées dans des textes anciens ? Cette poussière est particulièrement réputée pour soigner les dysenteries, fréquentes à l’époque. Elle peut être emportée dans des petites boîtes.

le voile du tombeau a le pouvoir de guérir la douleur des lèvres quand on la touche avec la bouche. A son contact, on peut stopper une hémorragie. Frotter des yeux malades avec ce voile permet de retrouver la vue. Les franges peuvent être emportées comme reliques, et , parfois guérir , à leur contact, les maladies du corps.

les cierges brûlent au tombeau et ont, eux aussi, un pouvoir de guérison grâce à l’huile et à la mèche brûlée.

l’autel est un lieu sacré et le contact de celui-ci avec de l’eau ou du vin donne à ses derniers un pouvoir de guérison.

la grille de bois de l’église a elle aussi un pouvoir de guérison.


b) la médecine raisonnée

Tandis que les prêtres pratiquent la médecine religieuse, des personnes comme les moines tentent de transmettre les œuvres scientifiques d’Hippocrate et Galien. Ces moines vont retranscrire, avec quelques modifications, les écrits anciens se trouvant dans leurs bibliothèques. Ils vont les lire, les étudier, les recopier et surtout appliquer cet art médical auprès de ceux qui en ont besoin. C’est grâce aux moines qu’une certaine idée de la médecine peut continuer à survivre. Malgré toutes les interdictions et tout leur intérêt pour les sciences, ils sauvent le patrimoine médical des médecins antiques. Les moines ne se contentent pas de recopier les manuscrits, car ils o,nt grâce aux « hospitales », la possibilité de pratiquer les théories contenues dans ces écrits.

c) la médecine profane

Cette médecine repose sur les médecins profanes qui sont bannis par la religion, les devins, les sorciers, excommuniés par l’église : les rebouteux et les ermites qui jouissent d’une grande popularité. Ces ermites sont parfois visités par des Evêques. Ils guérissent les malades par des breuvages à base de plantes. Mais la médecine profane est très critiquée à cette époque. Comme les médecins ne sont pas des personnalités de haut rang social, les dignitaires du Haut Moyen-Age peuvent donc attaquer à volonté ces médecins qui ne guérissent pas grand chose. Après les invasions et les destruction, le savoir médical ne repose plus que sur la transmission orale et les médecins profanes passent progressivement au rang de charlatans. Mais les critiques ne suffisent pas et certains dignitaires jouent avec a vie des médecins. Un récit de Grégoire-de-Tours raconte que la reine Austrigilde, femme de Gontran, roi des Burgones, ayant contracté la variole, fit jurer à son mari de tuer les praticiens , dont les potions ne la guérissaient pas, si elle venait à mourir.
Les critiques envers la médecine profane durèrent jusqu’à ce que, au 11ième siècle, Fulbert de Chartres, se demande s’il faut avoir recours à la médecine profane. Mais les médecins profanes seront peu à peu remplacés par des médecins religieux. Plus tard, les sorciers et les devins seront brûlés vifs par l’Eglise.


III. Les facteurs de la maladie.

a) les conditions de vie

Au Moyen-Age, la vie est rude. On se déplace beaucoup à pied et par tous les temps.
Les maisons protègent assez bien des intempéries, mais très peu du froid et de l’humidité. Au V et VI ème siècle surtout, il n’y a pas de cheminée. On se réchauffe au braséro. La fumée qui s’en échappe n’est pas évacuée et provoque des maladies des poumons et des yeux.



b) l’hygiène

Au Moyen-Age, les gens sont propres mais la notion d’hygiène n’existe pas. Dans les villes, les déchets et les excréments sont évacués par une rigole au milieu de la rue. Dans les villages, les tas de fumier sont sous les fenêtres ( les mauvaises odeurs et les germes se propagent dans la maison ) ou à côté d’un puits qui, par infiltration, se trouve contaminé. Les rivières servent à la fois de source d’eau et d’égout, ce qui facilite la propagation des maladies.

c) la nutrition

Au Moyen-Age, l’alimentation est un problème grave. Les riches mangent en général trop, et surtout trop de viande ( d’où problème de goutte ). Mais la majorité de la population ne mange pas à sa faim. Les paysans souffrent de nombreuses carences : ils se nourrissent du produit de leurs champs et de quelques œufs ( presque jamais de viande ). Il suffit d’une année de mauvaise récolte ( guerre, intempéries, maladie du bé…) pour que la famine s’installe favorisant les épidémies.


IV. Quelques maladies et épidémies courantes au Moyen-Age


la lèpre : c’est une des plus anciennes épidémies.

Jusqu’au Vième siècle, la lèpre n’est que très peu reconnue, mais en 549 devant une forte épidémie, un traité rend obligatoire aux évêques l’assistance aux lépreux. Ceux-ci sont considérés comme déjà morts. Dès qu’un présumé lépreux se présente, le prêtre l’accueille chez lui. Peu après, une cérémonie mortuaire a lieu avec à la place du mort sous le drap noir, le lépreux. Après l’avoir béni et donné des offrandes, le peuple se rassemble sur le parvis, le prêtre donne au lépreux une cliquette, des gants, une écuelle et lui dicte la conduite à suivre. Puis le prêtre plante une croix et un tronc destiné aux offrandes devant sa hutte. Aucun remède n’étant connu, on se contente de soigner son âme et de l’isoler. Des épidémies surviennent du VI au VIIème siècle, puis du VIII au IXème siècle.

La variole : cette maladie est grave, infectieuse , contagieuse et épidémique ; elle se caractérise par des plaques rouges devenant des vésicules puis des pustules. Elle refait son apparition au Moyen-Age après une accalmie et revient en force en Europe. De nombreux malades sont soi-disant soignés grâce à des ventouses posées aux épaules et aux jambes qui font apparaître et crever les tumeurs.

La peste : qu’elle soit bubonique ou pulmonaire, c’est un grand fléau au Moyen-Age. Elle est transmise par le rat noir importé involontairement d’Orient par les Croisés. Il y a plus de vingt poussées épidémiques en deux siècles, de 541 à 767. Les épidémies sont très meurtrières : des millions de morts au bilan. La peste de 1348 fut le plus meurtrière de toutes. Entre la moitié et les deux tires de la population sont décimés à ce moment. On meurt en deux jours et les condamnés sont libérés pour ramasser les cadavres par charrettes entières. Le mal est si grand qu’il y a des débordements hystériques et religieux ( flagellants…). Ceux qui ne sont pas morts de la peste meurent de la famine qui s’ensuit. Comme pour le reste, les saignées et les lavements sont les seuls remèdes prescrits. Quant à la cause de l’épidémie, elle est attribuée à la conjonction de trois planète au début de l’année.

l’ergotisme : il est aussi appelé « mal ardent », « feu sacré » ou encore « feu de St Antoine » ; c’est une maladie fréquente au Moyen-Age. Les symptômes sont très marquants : les membres postérieurs se nécrosent, ce qui donne l’impression que le sujet brûle de l’intérieur. _ L’épidémie débute en 857 sur la rive gauche du Rhin et envahit progressivement la France.

b) maladies, avatars et autres blessures


D’après les manuscrits de Grégoire de Tours ( « Quatre livres des miracles ») , et les registres des Hôtels Dieu, on remarque les éléments suivants :

l’état de santé et donc des maladies dépendent des conditions de vie, de l’hygiène et de la nutrition ( voir étude précédente )

les troubles rhumatismaux, cardio-vasculaires et cancéreux ne sont que très peu mentionnés car on meurt, généralement, avant que ces dégénérescences ne se fassent sentir.

Les plaies sales et mal soignées sont par contre très courantes et conduisent fréquemment à la gangrène puis à la mort.

La mortalité infantile est extrêmement importante ( 50 % ). Elle n’est pas mentionnée car considérée comme un jugement divin. De plus, l’enfant doit être absolument baptisé pour rejoindre le « Royaule de Dieu ». La femme en couche est donc parfois sacrifiée au profit de son enfant.

V. Les soins et remèdes de l’époque

Au Moyen-Age, toute la médecine repose sur les théories d’Hippocrate et de Galien. Il n’y a aucun progrès et beaucoup de pratiques ont été perdues. Voici un extrait de la théorie d’Hippocrate ( reprise par Galien ) : « Le corps de l’homme a en lui sang, pituite, bile jaune et noire ; c’est là ce qui constitue la nature et ce qui crée la maladie et la santé. Il y a essentiellement santé quand ces principes sont dans un juste rapport de crase, de force et de quantité, et que le mélange en est parfait ; il y a la maladie quand un de ces principes est soit en défaut soit en excès, ou, s’isolant dans le corps d’est pas combiné avec tout le reste.

La médecine est donc basée sur l’étude et la régulation des humeurs. Le diagnostic des médecins dépend de l’inspection visuelle du malade, de la prise du pouls, du mirage et de la saveur gustative des urines confrontés à la position astrale des planètes ! Les rmèdes les plus souvent prescrits sont les saignées, les lavements et les potions.


les saignées :

elles sont pratiquées par les barbiers. Ces personnes, à l’origine, coupent seulement la barbe masi avec le temps, elles sont devenues chirurgiens. La saignée consiste à ouvrir une entaille dans la peau pour faire sortir le sang du malade. Efficace pour les problèmes de goutte, elle affaiblit plus qu’elle ne guérit le malade dans les autres cas.

les clystères : les clystères, ou lavements, sont réalisés par les médecins. Ils consistent à envoyer de l’air par l’anus pour dégager les intestins.


les ventouses : elles sont utilisées par les médecins. Après les avoir chauffées, on les place sur le corps pour attirer les « mauvaises » humeurs.

Les amputations et les cautérisations :

Les amputations sont une forme embryonnaire de chirurgie jugée indigne des médecins et donc pratiquée par les barbiers. Cela consiste à couper un membre abîmé ( souvent dans le cas de gangrène )

Pour éviter l’infection,on cautérise. Au début du Moyen-Age, on utilise de l’huile bouillante peu efficace. Plus tard, on utilise un cautère, tige de bois chauffée au feu.

les plantes médicinales : au Moyen-Age on a une bonne connaissance des plantes que l’on utilise dans les tisanes, décoctions, cataplasmes… Les médecins en prescrivent souvent. Les moines en développent l’utilisation en créant les premiers jardins botaniques et pharmaceutiques.

potions, pommades, sirops… : ils sont fabriqués par les apothicaires ( ancêtres des pharmaciens ). Ces médicaments, destinés à rééquilibrer les humeurs, sont composés d’ingrédients appartenant aux trois régimes : animal, minéral, végétal. Dans ces mélanges, il est fréquent que l’on rajoute des pierres précieuses ( en raison de leurs fonctions « magiques »). De plus, elles servent à améliorer l’aspect des remèdes ( d’où l’expression « dorer la pilule » ).


autres domaines : les bains et les régimes alimentaires (diètes) font également partie des prescriptions courantes de l’époque, ainsi que l’exercice physique.

L’accouchement n’est pas l’affaire des médecins mais des ages-femmes. Les forceps sont connus depuis l’antiquité.

Le métier d’arracheur de dents existe, sans lien avec les médecins

L’évolution des locaux de la médecine

Un autre progrès essentiel de la médecine au Moyen-Age est l’apparition d’établissements hospitaliers. Après avoir été accueillis chez les prêtres et dans les églises, les nécessiteux sont rassemblés dans des locaux prévus à cet effet. Grâce à la richesse de l’Eglise et à la générosité des catholiques de l’époque, les hospices, « Hôtels Dieu », pauperes… ( selon les régions )apparaissent. Tout d’abord ils sont destinés à l’accueil des pèlerins, pauvres, femmes enceintes, orphelins, incurables… tous ceux qui ont besoin d’aide ou qui ne sont pas « en bonne santé ».
La notion de « bonne santé » selon Galien : « ce qui est conforme à la nature, c’est la santé, tandis que ce qui est contraire à la nature , c’est la maladie…. L’homme qui peut travailler et vivre normalement est considéré comme en bonne santé. »_


L’accueil donne droit à un bain de pieds, un bol de soupe, un lit ( en commun ), plus un peu d’argent aux nécessiteux. A cause des nombreuses épidémies qui sévissent et de l’obligation qui est faite aux évêques de s’occuper des victimes, ces établissements se multiplient, s’agrandissent et recentrent leur activité sur les malades. ( à l’origine le seul service médical offert était l’aide à l’accouchement par la sage-femme ). Ainsi au XII siècle on construit l’immense « Hôtel Dieu » de Lyon pour accueillir les malades. Les autres pensionnaires sont redirigés vers un autre établissement : la « charité » . Dès lors, les plus grands médecins vont venir travailler en ces lieux. L’hôpital est né, même s’il présente encore de nombreux défauts : de grandes pièces mal chauffées au plafond volontairement trop haut pour éloigner les fumées des malades, des lits à plusieurs places et des malades atteints de maladies différents mélangés …

Conclusion


Plusieurs événements expliquent le renouveau progressif de la médecine à la fin du Moyen-Age : la fondation d’universités ; la traduction de l’arabe au latin par les médecins juifs et les chrétiens de Syrie, des traités perdus des auteurs de l’Antiquité ; l’implantation d’établissements hospitaliers pour accueillir lépreux, pestiférés et malades mentaux ; enfin l’arrivée des médecins arabes dont les œuvres originales constituent la seule innovation médicale du Moyen-Age.
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